Le choix fait par nos voisins allemands d’une « grande coalition » répond exactement aux votes des électeurs puisque ceux-ci se sont massivement portés, mais par moitié quasiment égale, sur les deux principales formations politiques du pays, lesquelles présentaient l’une et l’autre, bien qu’opposées, un programme réformiste.
J’entends déjà que ceci « n’est pas conforme à la tradition française ». C’est parfaitement vrai. Cette affirmation me permet néanmoins de délivrer immédiatement un bon brevet de « traditionaliste » au porte-parole du PS Julien Dray !
Je ne sais s’il sera heureux du compliment. Il ne l’a cependant pas volé attendu la pauvreté de son argumentation.
En France, une telle démarche ne s’appellerait d’ailleurs pas « grande coalition » mais un gouvernement « d’union nationale ». Nous n’en n’avons connu que dans des situations d’une gravité extrême. Il faut croire que n’en sommes pas encore là. Encore que …
En revanche, il pourrait être responsable que les deux principales formations politiques de notre Pays (UMP & PS ainsi que l’UDF si elle le souhaite) s’engagent, avant les élections de 2007, solennellement devant les Français à construire un socle commun de réformes indispensables pour sortir la France de l’ornière. L’édification de ce socle aurait le grand mérite d’élucider clairement devant nos compatriotes le contenu précis des réformes auxquelles ils doivent s’attendre quoiqu’ils votent ! Le débat et l’avantage électoral concurrentiel pourrait, dès lors, porter sur les modalités, et notamment sur la question de savoir si on passe par une nouvelle augmentation des prélèvements, ou par une maîtrise /réduction des dépenses. Le vote de 2007 serait clair et transparent et le parti majoritaire aurait la légitimité pour mener les réformes tambour battant.
Je crains d’être prochainement qualifié de « simpliste ». C’est mieux que « traditionaliste ». Non ?
Très bien, mais le problème en France, c’est que nous avons la formation de gauche républicaine la plus rétrograde au monde… qui en est encore à chercher son chemin entre réforme et utopie marxiste !
Tant que la gauche n’aura pas muri et rejeté massivement la tentation extremiste en acquiesçant officiellement la nécessité de réformes, la perspective d’une grande coalition demeurera impossible… et, pour autant que je puisse le constater, cela risque de ne pas arriver avant un bon bout de temps. En 2007, le PS sera certainement tenter de "brasser large" en incluant dans son programme des dispositions inspirées de l’extrême gauche, qu’elle sait pourtant absolument déraisonnable et d’un autre âge.
Vous pourriez être qualifié de "rêveur" plus que de "simpliste". Je me doute que vous êtes consicents de l’être. Mais je ne vois pas l’un des partis que vous évoquez risquer d’être apparenté à l’adversaire honni, et surtout pas le PS, dont les dirigeants sont actuellement tous, à plus ou moins forte dose, en quête des voix de la gauche de la gauche…
Je trouve le système politique allemand plus efficace et que le système politique français.. mais cela est aussi du à l’histoire et à la rhétorique politique (j’ai fait une modeste comparaison des deux systèmes sur AgoraVox : http://www.agoravox.fr/article.p...
Je trouve la proposition de "socle" tout à fait judicieuse, et même je pense que tous les responsables politiques devraient s’entendre sur au moins les diagnostics.. car pour les solutions, ce n’est après que de la politique, donc un choix.
Savoir d’où l’on vient, et quelle est vraiment la situation présente… permettrait peut-être de dégager des horizons plus clair et de dégager sereinement les propositions ou projets politiques.
Moi je pense qu’on va me taxer "d’utopiste"…..
je pense que vous avez tort en pensant que nos partis qui expriment une division si profonde de ce pays datant des Lumières et de la Révolution puissent être ensemble les auteurs d’une démarche réformatrice intense en profondeur et en étendue .
Ils n’y ont d’ailleurs pour la plupart des leurs aucun intérêt.
Exemple: qui serait prêt parmi ces gens-là à proposer une réforme du Statut de la Fonction Publique qui est un garrot posé par le parti communiste et benoîtement accepté par tous, et pour cause! Et même, dans ce Statut, la suppression du privilège électif?
Je pourrais développer tous les problèmes français dont la solution par les partis existants et leurs dirigeants est impossible, a été rendu impossible etc.
C’est à une véritable refondation sociétale qu’il faudrait s’atteler en toutre urgence et cela ne peut que concerner l’ensemble des citoyens et plus une classe politique discréditée pour être l’auteur même de la situation .
Cette démarche est utopique! Mes Etats généraux des Citoyens, faciles à organiser…est donc ipso facto utopique…Et d’ailleurs , en 1992, quand j’ai, à la demande de "patrons jésuites français" proposé à Chantilly un projet destiné à faire suite à l’appel désespéré de Populorum Progressio en m’appuyant sur u n texte remarquable de gabriel Marc, les enjeux de la décennie 1990 (1990!) – bulletin épiscopal de janvier 1991 – et en mobilisant facilement et déjà nombre de "sages de réflexion profonde", qui a détruit ce projet ? un haut fonctionnaire de Dieu, donc un jésuite malgré la position de sa hiérachie et profitant de l’obligation maffieuse de connivence dans l’Ordre. Caillès a plus tard était muté mais le projet "Solidarité" a été enterré!
Ce qui se passe actuellement sur le "Limes" européen précipite les choses…
Ce serait la meilleure façon de sortir de cette situation rocambolesque où l’on voit systématiquement l’opposition (quelle qu’elle soit) être contre les textes et les propositions d’une majorité qui reprend souvent les idées du camp adverse en changeant de statut.
Alors tant que les "simplistes" et les "traditionalistes" (issus des partis traditionels soit dit en passant) s’envoient des "billets doux", par motion de censure ou conseil constitutionnel interposé, les extrémistes sont à l’abri et étoffent leurs rangs.
Pourquoi est-ce que c’est quand on est au pouvoir, qu’on pense qu’on devrait s’unir et pas quand on est dans l’opposition ?
Tous entretiennent cette situation.
Quand le vocabulaire politique (majorité / opposition) changera alors cela voudra dire qu’il y a la possibilité et peut-être la volonté de faire évoluer les choses ensemble, mais j’en doute, parce que c’est dans la nature.
Droite / gauche, positif / négatif, vivant / inerte, blanc / noir.
Le milieu est une ligne , le centre est un point donc sans épaisseur sans surface, sans consistance, le neutre est l’absence de potentiel, le gris est un mélange plus ou moins neutre qui ne dit pas son nom,
Mais tout ceci n’est-il pas combat d’arrière garde, si l’Europe doit se faire, quel rôle encore pour un gouvernement national ?
Ou alors on veut garder un gouvernement national (et ce n’est sans doute pas le peuple qui s’y accroche le plus), mais alors quel rôle donner à l’Europe ? Une coopération ? Une association ? Ne me parlez pas d’union ! Si on revenait au sens des mots! Mais c’est sans doute traditionaliste…
Même en France, les directives Européennes ne sont pas mises en application, elles ne servent que de prétextes quand elles arrangent certains.
N’y a-t-il pas danger pour le politique à façonner un socle commun de réformes indispensables?
C’est, à mon sens, un monde bien uniforme que nous vivons… sans échappatoire, voie tracée. Plus de lyrisme, de romantisme, mais un socle commun de réformes dont nous débattons des modalités.
Le citoyen se trouve là bien réduit.
Le (la) politique a besoin de se remuer la cervelle, d’être visionnaire, pas gestionnaire.
A Edouard : Les retraites constituent aujourd’hui 13 % du PIB et dans quelques années plus de 20 %, sans que cela corresponde à une amélioration du niveau de vie de la collectivité. Ce n’est pas anodin !