Sophie Fay du Figaro a écrit un bon papier sur ce sujet d’actualité. Elle nous invite à lire l’article d’André Sapir sur le site Internet suivant : www.bruegel.org.
Selon l’économiste bruxellois l’Europe ne peut pas tirer parti de la mondialisation sans réformer ses modèles sociaux. Il plaide pour une réforme rapide des systèmes les moins efficaces, au prix, s’il le faut, d’effrayer les citoyens et les politiques des pays concernés.
Il identifie 4 modèles en Europe dont deux selon seraient efficaces : le scandinave et l’anglo-saxon. Ils produisent moins de chômage et de dette. Leur taux d’emploi est plus élevé que dans les systèmes continentaux comme la France ou l’Allemagne.
Il les différencie ensuite selon leur degré d’équité en constatant qu’il y a plus de risque de vivre sous le seuil de pauvreté dans le modèle anglo-saxon que nordique.
Cela tient, selon lui, essentiellement à la qualité du système éducatif.
On pourrait donc rendre un modèle social à la fois plus efficace, avec un marché du travail plus souple et plus équitable.
Le débat porterait sur ce que la société serait prête à financer pour rendre précisément le système plus efficace.
Votre avis ?
La dichotomie dessinée par cet économiste me paraît exacte, et synthétique des modèles sociaux que l’on peut trouver aujourd’hui en Europe.
Pour ma part, je pense, mais cela a déjà été dit, que nous vivons aujourd’hui dans un modèle sociaux fondé sur un schéma structurel de croissance, qui convenait pour les années des "trente glorieuses". Seulement, aujourd’hui, la machine économique est grippée. Et nous finançons ce modèle social à crédit, ce qui met en péril les générations futures.
Les Français, dans la grande majorité, le savent, je pense. Seulement, ils rechignent à faire l’effort nécessaire pour ajuster un modèle social généreux à une économie peu productive de richesses. Certains pour goûter leur vie durant la vie sucrée des avantages sociaux, d’autres tout simplement parce qu’ils ont peur du changement, de l’incertain. Un effort de pédagogie s’impose donc. Et de courage, surtout. Pour tendre vers un assouplissement des règles du droit du travail et une refonte de sytème social général (prestations de Sécu, de chômage et de retraite). Pourquoi là où les Allemands et les Britanniques, pour ne citer qu’eux, ont finalement accepté ce que les Français refuseraient obstinément, à savoir une refonte de leur modèle social, ou à tout le moins un réajustement ? L’"exception française"…
Euh, vous vouliez court, donc j’arrête là 🙂
Il est clair que les temps changent.. et que la France va devoir changer de refrain…
Mais je crois que vous oubliez 2 ou 3 choses (ou 4) qu’il ne faut pas perdre de vue…. :
1/ la mentalité française en générale croit toujours que "l’Etat" fait tout et peu tout!
2/ on a "politiquement" appris au francais d’etre un enfant docile, consensuel, conciliant… les efforts qu’on lui demande et les efforts supplémentaires qu’on risque de lui demandé, il n’est pas habitué… puisqu’il croit qu’il pourra toujours vivre sous couvert de l’Etat-providence.
3/ les français ne savent pas toujours que notre "modèle" est à crédit, ou ne souhaite pas le savoir… puisque l’Etat donne à qui rouspette, pour se donner un rôle existentiel! D’où les crispations "des uns" par rapport "aux autres".
4/ notre société se "désocialise" malheureusement… : c’est q’autant plus vrai en Normandie ou l’on sent bien une déshumanisaion de la Région Normandie divisée à tort!!!
Yuca de Taillefer
normandie.canalblog.com
Les Français sont attachés à l’unité nationale et – me semble-t-il – souhaitent sincèrement que tous les citoyens fassent corps dans la difficulté, à commencer par les préserver eux-mêmes de ces difficultés. Mais ils sont aussi les premiers à faire preuve d’égoïsme pour ne pas en supporter la charge…
Monsieur CHIRAC et les partisans de l’immobilisme incarnent parfaitement cette lâcheté :
– discours d’appel au respect des institutions et à la solidarité nationale,
– refus d’engager toutes les réformes dont le pays a besoin pour renforcer ses chances d’affronter les défis actuels.
La dichotomie d’André Sapir est une façon claire mais un peu simple de voir les choses. Il existe en fait un continuum de systèmes économiques selon le degré d’interventionnisme, allant de l’économie de marché au socialisme (en passant par le dirigisme à la française), ainsi qu’un continuum de systèmes sociaux, selon le degré de socialisation de la dépense. Le système anglo-saxon et le système scandinave ne différent pas tellement sur le plan économique mais nettement plus sur le plan social. Le choix d’un haut degré de protection sociale est une affaire de préférences « politiques » tout à fait défendables pourvu que, comme les pays scandinaves, on sache faire tourner l’économie dans le cadre d’un système fiscal rationnel.
je pense que ces débats sont académiques.
Je reprends encore une fois la proposition de Jean Guitton (silence sur l’essentiel, Desclées de Brouwer) de radatation de l’Histoire: avant et aprés Hiroshima c’est à a dire le passage presque instantané du macro au nano (le micro étant un passage apparent – très rapide dans le nouveau temps de l’Histoire – dans l’ordre de la gestion et de la communication).
Dans son excellent "le coût de la révolution française" (Perrin 1987) René Sédillot parle avec justesse de l’esprit de système français né avec la révolution. Cet esprit de système a rendu notre pays le plus adapté aux doctrines organisationnelles de Taylor dans presque tous les domaines.
De la confrontation entre ces deux observations résulte la remise en cause"radicale" de ce fameux modèle social (qui indifférent au monde nous a conduit dans une impasse douloureuse) sans pour autant copier quelque autre modèle qui, face aux enjeux nés du nano est, sans doute, aussi périmé. Comme le concept d’Etat Nation qui les porte!
Alors il me semble que l’on devrait (et c’est un des sens de ma proposition d’Etats généraux des Citoyens) remettre à plat notre "pays" dans une approche prospective raisonnable du monde où nous sommes entrés depuis des décennies et de proposer ensuite ailleurs, urbi et orbi, cette analyse et ces conclusions dans tous les ordres de la vie sociétale. C’est à mon avus une question de survie de l’espèce qui dépasse donc radicalement l’Histoire "ancienne". Car si on ne le fait pas (et quelles qu’en soient les raisons) le passage sera le chaos et du chaos sortira inéluctablement une nouvelle "humanoïdité"…nouvelle parce que je crois pas que le concept d’humanité ait jamais fait sens Or ce chaos est en route….
Ce n’est pas propos négatif mais celui d’un entrepreneur, celui des entrepreneurs que doivent à nouveau devenir les français. C’est le seul moyen pour eux de retouver énergie, force, volonté, audace…
Gabriel Fradet
Désolée, mon commentaire n’a rien à voir avec votre billet, mais je cherche une définition et ne la trouve dans aucun discours ou article.
Ma question est simple : qu’est-ce que la société civile ?
Tout le monde l’invoque mais personne n’en donne une définition claire et simple (digne du Larousse ou du Petit Robert).
Pouvez-vous vous essayez à l’exercice ?
Merci de votre réponse.
Je ne sais franchement pas répondre à la question sur la société civile. Pour ce qui me concerne, je me suis considéré appartenir à la société civile lorsque j’étais candidat à des élections sans appartenir à une formation polique. Puis vient le temps où l’isolement rend difficile de progresser et il faut chosir au moins de se rattacher à un Groupe. Cela constitue une perte de liberté. Mais cela n’oblige pas à perdre l’essentiel de sa liberté qui consiste à voter librement. Quant à la société civile qui prétend gérer les derniers publics sans se présenter aux suffrages de ses concitoyens, je ne comprends pas ce raisonnement. En d’autes temes, je sais mieux décrire ce que la société civile n’est pas, que ce qu’elle est.
Merci pour votre réponse. Personnellement, ce concept (ou plutôt cet "éther") sans réelle définition, mais qui pourtant devient LE label de la légitimité, m’inquiète.
J’espère qu’un jour les hommes politiques cesserons de s’en servir pour se concentrer sur ce qui existe : la Société, la Démocratie, les Citoyens. J’espère aussi qu’ils demanderont au hérauts de la société civile en quoi ils sont légitimes et au nom de quoi ils s’expriment au nom de tous.
Billet : La question du modèle social.
La question des modeles est interessante, mais il nous faut avancer. pour une analyse de Apir en sortant des débats académiques, je vous conseille un livre raffraichssant, qui s´appelle je crois "faut-il bruler le modele social francais" et qui reprend l´interet des modeles nordiques pour nous. Il m´a enthousiasmé car il rompt avec l´idée que nous sommes mauvais, en déclin etc…