Dans la tradition catholique, depuis le 5ème siècle, les fidèles fêtaient les Rogations. Il s’agissait de processions de supplication destinées à attirer la bénédiction divine sur les récoltes et les animaux. Avec l’exode rural, ces cérémonies ont disparu.

Désormais les grandes manifestations dans les villes, à Paris notamment, tiennent lieu de Rogations que, par convention, nous pourrions qualifier de « sociales ». Elles visent en effet à implorer « l’Etat providence » de distribuer toujours plus de richesses. Sans se soucier du fait qu’il en distribue déjà beaucoup puisque les dépenses de l’Etat dépassent de 25 % les recettes, creusant ainsi un déficit abyssal lequel alimente une montagne de dettes qui, elle-même, étouffe notre économie et nos emplois.

C’est pourquoi je ne me laisserai pas attendrir par les défilés protestataires de mardi. Qu’ils rassemblent 500.000, un million ou deux millions de personnes me laissera de marbre et ne fera, en revanche, que me convaincre davantage encore de passer plus à l’offensive sur les réformes. Ces nouveaux pèlerins, sous l’habillage social, portent, en effet, les bannières du conservatisme, des corporatismes les plus sclérosés de notre pays, des égoïsmes les plus hypocrites. Nous y entendrons les lamentations de ceux qui ont un emploi, le plus souvent protégé, et qui ne se soucient guère de ceux qui en cherchent un ou qui voient le leur menacé.

Nous sommes la génération de ceux qui ont gaspillé l’héritage de leurs parents. Qui consomment sans vergogne actuellement celui de leurs enfants. Avant de s’attaquer sans doute demain à celui de leurs petits enfants.

Après tout que les mécontents de mardi, pour leurs dépenses courantes, aillent directement retirer l’épargne sur le livret de leurs enfants et petits enfants, cela les aidera à comprendre l’indécence de ce qu’ils demandent implicitement de faire à leurs gouvernants.

J’espère que le gouvernement ne se laissera pas intimider. Qu’il se souviendra que si des dizaines de milliers de gens ont les moyens de faire grève, de protester dans les rues, d’autres, eux, travaillent dur et beaucoup pour préparer l’avenir de leurs enfants.

S’il témoignait de la moindre faiblesse, il faudrait bien vite constituer un courant « Thatchérien » au sein de l’UMP ; s’il le fallait, je m’y collerais, tant mon indignation est grande.