Soyons constructifs et raisonnablement optimistes. Projetons nous dans une démarche d’avenir en sortant de notre morosité ambiante.
Lors du Conseil européen de Lisbonne en mars 2000, les chefs d’Etat et de gouvernement européens se sont accordés sur une stratégie, la « stratégie de Lisbonne », pour faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ».
Cette stratégie reposait initialement sur trois piliers : – moderniser le modèle social européen ; – investir dans le capital humain et combattre l’exclusion sociale ; – doser judicieusement les politiques macroéconomiques. Elle se fixait trois objectifs clefs : consacrer 3% du PIB à la recherche et développement en 2010 ; atteindre un taux d’emploi de 70% à la même date et réaliser une croissance économique de 3% l’an en moyenne sur la décennie.
Ces grands objectifs sont pertinents, cependant jusqu’ici les résultats sont restés très en deçà des attentes, en raison d’un manque évident de mobilisation.
Alors que les chefs d’Etat viennent de décider de relancer le processus à mi-parcours en le recentrant sur la croissance et l’emploi, n’est-il pas essentiel que ces objectifs ambitieux soutiennent désormais une démarche aussi ambitieuse de réforme qui s’inscrive réellement dans les faits ?
Pour ce faire, il convient de sortir le processus de Lisbonne du « confinement bureaucratique » dans lequel il se trouve et d’y associer pleinement les citoyens européens.
Pourquoi cette stratégie ne ferait-elle pas désormais l’objet d’un débat chaque année dans les Parlements de tous les pays-membres ? Ainsi nous pourrions mieux situer nos performances dans chaque domaine par rapport à celles de nos partenaires et nous inspirer des meilleures pratiques pour faire progresser l’innovation, la croissance et l’emploi.
L’éducation, la recherche et développement, le soutien aux entreprises innovantes sont déjà au coeur de tout projet économique pour la France, mais ces objectifs se prolongent naturellement au niveau européen. Pour bien des projets scientifiques, technologiques et industriels, la réussite dépendra de la capacité à mettre en commun les ressources des pays de l’Union, à fédérer nos activités de R&D et à exploiter la taille du Marché unique.
C’est pourquoi il y a lieu de promouvoir le développement de pôles européens d’excellence, alliant universités de pointe et entreprises innovantes, dans le prolongement des « pôles de compétitivité » qui vont prochainement se mettre en place.
Les activités de recherche et l’innovation des entreprises européennes seraient également grandement facilitées par la mise en place d’un « brevet communautaire », alors que les entreprises innovantes subissent aujourd’hui des coûts élevés inutiles liés à la traduction et à la défense des brevets dans chaque pays de l’Union pris de manière séparée.
Le gouvernement doit travailler activement à l’émergence d’un compromis raisonnable dans les négociations en cours, à ce sujet, en surmontant les divergences de vues de nature linguistique qui font inutilement obstacle au projet.