Je crains que la communication du gouvernement relative au budget adopté en Conseil des Ministres aujourd’hui ne soit pas bien passée. Mon intuition me laisse penser que les journaux demain qualifieront ce budget comme un budget de transition, une sorte de budget d’attente. Avec le recul, je suis frappé de voir combien la puissante machine de Bercy, avec une force de frappe nucléaire, ne sait pas délivrer des messages politiques. La langue est trop technique, les graphiques trop nombreux et compliqués, les ministres sont épuisés et nous aspergent de tous les chiffres que les ordinateurs de Bercy contiennent.

Les choses étaient pourtant plus simples.
En préambule, il fallait d’abord noter qu’après 45 ans d’Ordonnance de 1959, le budget 2006 est le premier présenté et qui sera examiné et voté selon la LOLF qui est une vraie révolution voulue pour décrire le budget en langage citoyen et aussi pour améliorer le rapport coût / efficacité de l’Etat.
Ensuite, un budget doit porter un message politique à l’adresse des Français. Ce message cette année c’est : l’encouragement au travail ! Dire à chaque Français que son travail sera désormais mieux reconnu et plus respecté et dire pourquoi !
S’agissant des hypothèses de croissance choisies, il fallait dire que de toute manière les recettes qui y sont associées ont été calculées de manière prudente, afin de ne pas encourir le soupçon d’insincérité.
L’affirmation de la sincérité du budget, tant en recettes qu’en dépenses s’imposait. Or, les explications techniques ont prévalu, sans convaincre.
L’annonce que les dépenses de l’Etat n’augmenteront pas plus que l’inflation en 2005 n’est pas expliquée en langage citoyen. Il faut dire : l’année prochaine l’Etat vous rendra des services de qualité améliorée, sans augmentation, c’est à dire au même prix que cette année !
S’agissant des mesures fiscales dont la plupart ne concerne que 2007, il fallait décliner le message d’encouragement au travail, en disant : Oui votre travail sera mieux reconnu et ceux, par exemple, qui reprennent un emploi recevront une PPE améliorée ; le travail sera aussi davantage respecté : par la réduction d’impôts, ce qui veut dire que si vous avez travaillé pour les autres jusqu’au 30 juin, il est naturel et juste que vous puissiez commencer à travailler pour votre propre famille à compter du 1er juillet.
En regardant les ministres jouer leur pièce, avec un talent incontestable, j’ai compris combien le scénario est démodé. Ils parlent d’eux, pour eux, et pour les initiés. Rien n’est présenté pour être compris des Français. Le plus terrible, je crois, est que personne ne s’en rend compte. Armons-nous de courage, il reste deux mois de débat, fixons-nous le bel objectif d’être pédagogues, c’est à dire d’expliquer les enjeux et de dire aux Français avec simplicité pourquoi nous les encourageons au travail. Parce qu’ils sont le meilleur atout du Pays.
Nous prendrons quelques exemples concrets demain.
Bonne soirée à tous.