Afin d’améliorer l’efficacité du travail gouvernemental en matière de politique budgétaire et de réforme de l’Etat, une option forte consisterait à mettre en place, auprès du Premier ministre, une structure ad hoc calquée sur le modèle du Conseil du Trésor canadien. Le Conseil du Trésor canadien est un comité restreint rattaché directement au Premier ministre qui se compose de 6 membres clefs du Gouvernement.
Il prépare et propose au Chef du gouvernement fédéral l’ensemble des décisions touchant les finances, le personnel et l’administration.

Une structure similaire en France présenterait de nombreux avantages :
1. Instituer une nouvelle méthode de travail en matière budgétaire : le Conseil du Trésor serait une instance délibérative stratégique regroupant les « poids lourds » du gouvernement qui en format restreint, donc plus opérationnel, pourrait arrêter la stratégie en matière de finances publiques et d’allocation des crédits. La contrainte budgétaire serait mieux assumée et mise en oeuvre de manière plus collégiale.
2. Décharger le Premier ministre de tâches gestionnaires chronophages : par délégation et sous le contrôle du Premier ministre, le Conseil du Trésor rendrait les arbitrages budgétaires, assurerait la fonction de chef de représentant de l’Etat employeur et assumerait les tâches gestionnaires (immobilier, comptabilité, évaluation, etc.). Le Premier ministre pourrait ainsi se consacrer de manière sereine à une animation stratégique et prospective du travail gouvernemental.
3. Constituer un pôle unifié en matière de modernisation de la gestion publique et de pilotage de la réforme de l’Etat : les moyens jusqu’alors dispersés et non coordonnés, heureusement en voie de l’être, empêcheraient définitivement les procédures redondantes ou concurrentes.
4. Parachever la mise en application de la LOLF : les outils de la nouvelle gestion publique s’organiseraient vers le contrôle de gestion, l’analyse de la performance et l’évaluation des politiques publiques. En regroupant les moyens d’analyse des ministères du budget et de la réforme de l’Etat, une masse critique en matière d’expertise se constituerait pour développer une nouvelle approche de la budgétisation centrée sur la revue périodique de la dépense, l’amélioration de la performance, la qualité du service rendu, l’atteinte des objectifs gouvernementaux.
5. Enfin, impulser un nouvel état d’esprit dans la conduite de l’action publique : s’appuyant sur la légitimité forte qui découle de son rattachement direct au Premier ministre et sur les moyens renforcés d’analyse et d’impulsion dont il dispose, le Président du Conseil du Trésor serait le garant de la dynamique de réforme des départements ministériels. Il veillerait notamment à ce que chaque ministre mesure la valeur politique de son action non pas au taux d’augmentation de ses crédits, ni à la production de nouvelles normes juridiques, mais aux réformes qu’il conduit dans son administration et à la simplification des textes.
La fusion de la réforme budgétaire et de la réforme de l’Etat est un excellent début, il faut transformer l’essai et réussir la vraie nouvelle gestion publique en France.