Il ne sert à rien que nous sautions comme des cabris sur nos chaises en criant : « l’emploi, l’emploi, l’emploi ! » Faisons d’abord nôtre des idées simples. En posant par exemple un principe : que le travail « paye » davantage que l’inactivité.

 

 

Outre qu’il s’agit d’une exigence morale, c’est aussi une condition essentielle et déterminante pour développer l’emploi. Certes, les gouvernements successifs ont mis en place successivement des mesures pour réduire les situations dites de «trappes à inactivité » où la reprise d’un emploi se traduit par une très faible amélioration du pouvoir d’achat voire par une perte ! je pense notamment à la prime pour l’emploi et aux mécanismes d’intéressement à la reprise d’emploi pour les personnes aux RMI. Pour autant, ces dispositifs restent d’une rare complexité et peu connus d’une partie de nos concitoyens. Bien des situations demeurent où le retour à l’emploi rapporte très peu ou pas du tout par rapport au maintien sous assistance. C’est notamment le cas lorsque les personnes retrouvent un travail à temps partiel ou lorsque les familles doivent faire face à des frais de transport ou de garde d’enfant pour se rendre à leur travail.

Pour sortir enfin de cette situation, simplifions et renforçons ces dispositifs en concentrant et en augmentant les sommes allouées sur les personnes qui en ont le plus besoin. C’est possible en fusionnant la prime pour l’emploi et les mécanismes d’intéressement au retour à l’emploi. Puis recentrons les sur les personnes les moins bien rémunérées, notamment celles à temps partiel, et sur les familles avec des enfants. Enfin décidons une fois pour toute que le montant de la prime apparaisse clairement sur « la feuille de paye » , en cessant de nous demander si c’est possible. C’est possible, il suffit de le décider.

Le SMIC doit également rester un instrument efficace de revalorisation des bas salaires. Les baisses de charges ont permis une progression significative du SMIC au cours de la décennie passée, tout en limitant le coût du travail pour les entreprises, ce qui a dopé les créations d’emploi dans la seconde moitié des années 90. Les fortes baisses de charges qui ont suivi ont cependant perdu cette vertu première, car elles ont essentiellement servi à atténuer les effets néfastes des 35 heures. Leur coût approche désormais les 20 milliards d’euros et contraint grandement nos choix budgétaires. Le pire est que ces baisses de charges financent aujourd’hui les « loisirs » tout autant qu’elles soutiennent le revenu et l’emploi des salariés.

Pour en sortir décidons que les baisses de charges boivent retrouver leur « vertu offensive » première, en les concentrant davantage sur les bas salaires, là où elles sont les plus efficaces pour l’emploi. Parallèlement, stabilisons le dispositif des baisses de charges sur la prochaine législature et relions davantage l’évolution du SMIC à la performance de notre économie, de façon à donner plus de visibilité aux salariés et aux entreprises sur les perspectives de salaires et d’emploi