Trop souvent le contenu des ces notions reste confus dans nos esprits. Qu’en est-il ?
Les économistes mesurent la production et le revenu d’un pays à partir de son « produit intérieur brut » (PIB) : par définition, le PIB est la valeur marchande de tous les biens et services à usage final produits au cours d’une année donnée par les personnes et les entreprises résidant dans le pays en question ; par équivalence comptable, le PIB mesure également l’ensemble des revenus (salaires des ménages, profits des entreprises et impôts indirects sur la production prélevés par l’Etat) dégagés par cette activité de production. Corrigée de l’évolution générale des prix, la croissance du PIB « en volume », ce qu’on appelle communément « la croissance », retrace ainsi l’évolution d’une année sur l’autre de la quantité de biens et services produits par le pays en question ou de manière équivalente la croissance du pouvoir d’achat du revenu national généré par cette activité de production. Sur le moyen terme, la progression du revenu des ménages du pays en question, pris dans leur ensemble, dépend essentiellement de la croissance du PIB.
Dans ce contexte, le « produit intérieur brut par habitant », qui rapporte le PIB à la taille de la population du pays, constitue un indicateur naturel du niveau de vie individuel moyen du pays en question. Il permet notamment les comparaisons internationales, sous réserve de convertir les PIB des différents pays dans une même unité monétaire à partir des taux de change courants ou, ce qui est plus robuste, à partir d’indicateurs dits de « parités de pouvoir d’achat » (PPA) qui permettent de tenir compte des écarts de prix entre les pays (les pays les plus pauvres bénéficient généralement de prix plus faibles que les pays riches pour les biens alimentaires et les services de base) et qui présentent l’avantage ne pas fluctuer sensiblement d’une année sur l’autre comme peuvent le faire les taux de change courants.
En raison de sa simplicité et du fait qu’il se prête bien aux comparaisons internationales—les données étant rapidement disponibles et élaborées de manière comparables par les statisticiens des différents pays—le « PIB par habitant » reste l’indicateur macroéconomique le plus couramment utilisé pour évaluer le niveau de vie d’un pays, même si les limites conceptuelles et statistiques de cet indicateur ne doivent pas être ignorées :
– les indicateurs de PIB et de « parité de pouvoir d’achat » restent empreints d’une certaine incertitude et des différences de méthodologie statistique demeurent parfois d’un pays à l’autre, malgré la rigueur des normes de mesure internationales ;
– le PIB n’est pas non plus un indicateur parfait du « bien être économique » propre à chaque pays : il ne prend notamment pas en compte la perte de loisirs et la dégradation de l’environnement qui peut résulter du processus de production de richesses ;
– enfin le PIB et le « PIB moyen par habitant » ne donnent pas d’indication sur la répartition des richesses produites au sein de la population ni sur la qualité des infrastructures publiques et sociales du pays en question ;
Pour autant, sans préjuger des choix publics collectifs, le PIB n’en reste pas moins un indicateur clef de la « capacité » de chaque pays à investir dans les infrastructures et les politiques publiques (éducation, santé, culture…) nécessaires au bien être de sa population.