La page des municipales perdues de 1983 est maintenant tournée. Se profilent à l’horizon les cantonales de mars 1985. Pierre Mauger le Maire qui vient d’être réélu est renouvelable au Conseil Général. Les candidats acceptant de se présenter contre lui ne se bousculent pas au portillon. Hubert Crespy, notre tête de liste, est déjà conseiller général lui-même. Ayant été 2ème de liste, il y a 2 ans, on me presse d’accepter. Je ne suis pas convaincu du bienfondé d’une aventure réputée sans chance. Dans 3 ans, le canton de mon ami André Artois, plus clément pour nos idées, se libèrera puisqu’il s’arrête, et je suis tenté d’attendre. Celui-ci me donne un conseil judicieux : la politique appartient aux audacieux. A combattre sans péril, on triomphe sans gloire. Il me recommande vivement d’affronter la figure légendaire de la gauche dans l’Orne, sur son propre terrain, en pleine gloire, en considérant que si je perds, j’aurai fait le job et si, par hasard, je gagnais ce serait un coup de tonnerre.

L’avantage de ces situations, où personne ne veut se présenter, est de pouvoir choisir librement son type de campagne. Je souhaite faire une campagne très courte. Ramassée mais hyper active. Une équipe d’anthologie se constitue et nous construisons sans doute l’une des plus belles campagnes jamais réalisées à Alençon. Nous sommes dans un moment de politique nationale où la gauche gouverne et les Français sont furieux. A l’évidence, il va falloir politiser à fond le scrutin et nous n’allons pas y aller de main morte. Ce qui n’est pourtant pas dans mon tempérament. Mais nous avons décidé de la faire très professionnelle. Nous irons donc au bout de la logique.

J’annonce ma candidature seulement sept semaines avant le 1er tour. Afin de mettre tous les atouts de mon côté et de rassembler toute la droite et le centre, je demande aux 5 parlementaires ornais d’assister à ce lancement de candidature, ce qu’ils acceptent de bonne grâce, même si personne ne se fait d’illusion sur le résultat. Jean Cren, Maire honoraire d’Alençon, prend position en ma faveur. De même que les partis politiques de la droite et du centre.

Pierre Mauger, sortant, la semaine suivante commet l’erreur incroyable, à raison de son expérience, de déclarer « invraisemblable d’être battu ». La presse titre sur cette déclaration mal perçue par le corps électoral qui n’entend pas se laisser dicter le résultat du scrutin. Il perd son calme et entre dans une polémique virulente. Les séances de conseil municipal sont rudes et la fébrilité paradoxalement est dans le camp du sortant bien installé.

début campagne cantonale 1985

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