Nous sommes le 25 décembre 1982, jour de Noël. J’écris à Hubert Crespy, Conseiller Général d’Alençon, et ancien-maire adjoint, pour lui donner mon accord afin d’entrer sur la liste municipale qu’il conduit aux élections de Mars 1983. A dire vrai, je ne mesure pas du tout que mon avenir est en train de basculer. Hubert m’a tarabusté depuis des semaines pour me dire que j’ai le devoir de m’engager au service de la Cité. Nous sommes un an après l’alternance de 1981, la crise sévit et elle annonce le futur « tournant de la rigueur ». Le mode de scrutin municipal, jusqu’alors ne donnait aucune place à la minorité, va en offrir désormais et il était indispensable de former une nouvelle génération au job d’élu municipal. J’ai été Président de la Jeune Chambre Economique d’Alençon, j’ai siégé au bureau national de ce mouvement, à Alençon nous avons organisé des évènements qui plaisent, un forum des associations, un festival d’art pour enfants, et mes pairs notaires me font confiance puisque j’appartiens à la Chambre départementale et suis déjà programmé pour être élu à la Présidence. Je n’appartiens à aucun parti politique et, à dire vrai, je les trouve plutôt antipathiques. Tous ces motifs apparaissent à Hubert Crespy comme excellents. A force d’insister, j’ai fini par céder.
Nous menons une campagne trop brutale, par inexpérience, et nous sommes battus. Hubert Crespy m’avait placé en second de liste, de sorte que je me trouve autour de la table du conseil municipal.
Pour la 1ère fois de ma vie, je découvre, le jour des élections, la violence de la politique. Nettement battus, je considère fair-play d’aller féliciter Pierre Mauger, Maire sortant réélu. Bruno Natral, hélas décédé quelques années après, m’accompagne. La salle des fêtes est pleine à craquer. Les militants qui viennent de gagner l’élection sont chauffés à blanc. Nous nous glissons jusqu’au 1er rang pour saluer le vainqueur sous des quolibets, des sifflets, des méchancetés que je n’avais jamais connues. J’ai vite appris ensuite qu’elles faisaient partie des grands classiques. Craignant ma dernière heure arrivée, Pierre Mauger me suggère de sortir par la porte de côté afin de ne pas redescendre le chemin de croix que je viens de gravir.
Quelques coupures de presse de l’époque restituent assez fidèlement ce dont je me souviens de ces moments douloureux.
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